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Didier Awadi " Le pionner"
Ex membre du groupe Positive black soul, Didier Awadi était récemment sur les bords de la lagune Ebrié. Dans une interview accordée à nos confrères ivoiriens, il parle de son prochain album qui va sortir en septembre et des gouvernants africains. Extraits.
Galsceneprod:
Vous aviez prévu de rendre hommage à de grands dirigeants qui ont marqué le continent par leurs idées. Etes-vous dans cette même logique?
Awadi
Bien sûr, je n'ai pas changé d'un seul coup d'idée. Dans cette œuvre, je rends effectivement hommage à Sankara, Lumumba, Mandela, Julius Nyerere, Frantz Fanon, Hamilcar Cabral, Sékou Touré, Modibo Kéita, Aimé Césaire, Martin Luther King, Malcolm X, Samora Machel, Kwamê Nkmmah évidemment et bien d'autres. En tout cas il y a une quinzaine de leaders.
Galsceneprod
Pourquoi n'avez-vous pas chanté des présidents africains charismatiques actuellement en exercice ?
Awadi
Je pense qu'on ne peut pas faire le bilan d'une vie tant qu'elle n'est pas terminée. Il y en a beaucoup qui ne font pas l'unanimité pendant qu'ils sont en poste. On a pris les deux leaders qui font vraiment l'unanimité à savoir Mandela et Césaire. Concernant les autres, il y a beaucoup de controverses et on essaie de prendre des leaders qui n’ont pas de vieilles casseroles qu'ils traînent, des gens au moins qui sont des exemples et des références pour les générations à venir. Parce que notre objectif est qu'on puisse étudier l'œuvre de ces gens. II y a non seulement le côté ludique du hip-hop mais on aimerait bien savoir qui est Frantz Fanon, Aimé Césaire, Cheick Anta Diop, connaître réellement tous ces grands. Donc, il y a une valeur pédagogique avec laquelle on ne peut pas s'amuser. Aujourd'hui, l'Afrique manque de leaders charismatiques.
Galsceneprod:
Ces gouvernants que vous vénérez ne sont pas exempts tout reproche vis-à-vis de leurs peuples. Sankara l'avait déjà confessé dans l'un de ses discours avant son assassinat à Bobo-Dioulasso
Awadi
Je pense qu'aucune œuvre humaine n'est parfaite. On ne va pas demander à un homme d'être un saint. Ce n'est pas le but du projet. Mais je pense que dans l'œuvre de Sankara, il y a beaucoup plus de choses positives sur lesquelles on peut s'appesantir que de rester sur quelques erreurs. Sankara a reconnu qu'il a fait des erreurs mais combien n'ont pas reconnu toutes les erreurs qu'ils ont faites.
Galscene Prod :
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées pour retrouver ces archives quand on sait qu'en Afrique, les gens n'écrivent pas et ne conservent pas ?
Awadi
Nous sommes allés comme je le soulignais tantôt jusqu'à Addis-Abeba, à l'Union africaine pour voir ce qu'ils avaient comme archives, il n'y avait rien. Ils m'ont dit que la télé éthiopienne avait peut-être quelque chose mais eux non plus n'ont rien. Donc on s'est rendu compte que c'était grave. On s'est donc trouvé obligé d'aller piocher chez les gens qui ont connu tel ou tel président, qui sont des proches ou des membres de la famille pour qu'ils nous donnent des archives. On s'est rendu aussi compte qu'il faut aller dans des télés ou des radios européennes pour avoir nos archives. Et ces gens-là les protègent et les vendent sans que nous-mêmes ayons accès à ces archives. Et donc notre objectif est de mettre toutes ces archives sur un site internet pour que tout le monde puisse les télécharger gratuitement. Parce qu'on a le droit et le devoir de connaître notre histoire.
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